Femme souvent varie. Derrière ce proverbe un tantinet sexiste – à peine, n’est-il pas ?- se dissimule à grand peine une condamnation de la versatilité prétendument féminine. Et cela n’a pas lieu d’être en l’espèce. Certes, après des mois sans mise à la « Une » d’artistes, en voici deux successives dans un intervalle réduit. Mais Le Blog des Immortels est une grande fille et a fait ce choix en son âme et conscience. La décision de mettre en lumière le travail d’Ending Satellites découlait de l’intégrité de la démarche, de l’intérêt du projet et bien entendu de la qualité du résultat proposé. Il en va de même pour le dernier album d’Akphaezya.
Celui-ci tutoie sans peine la perfection et constitue une claque monumentale en cette première moitié de l’année. A se procurer les yeux fermés.
C’est un peu court, n’est-ce pas ?
Il convient effectivement de développer, et pas seulement pour s’écouter écrire. Affirmer de manière laconique la qualité de l’album reviendrait à passer sous silence les différentes composantes de cette réussite.
Anthology IV (The Tragedy of Nerak) évolue comme son prédécesseur, Anthology II, dans un registre de métal progressif s’affranchissant à sa convenance des barrières pour évoluer et développer ses compositions. Guitares, basse, batterie et claviers tricotent leur ligne ou creusent leur sillon à l’instar du chant de Nehl Aëlin. Cette dernière peut alterner sans peine entre un chant clair empli de puissance et de brillance et les grognements de phacochère cacochyme et navigue à loisir dans le bras de mer de l’entre-deux. Cette faculté, combinée au sens de la nuance de l’ensemble des autres instruments, permet d’explorer les dimensions tant métal que progressive sans sombrer dans une caricature ou une outrance de mauvais aloi.
En l’espèce, une histoire baignant dans l’Antiquité et mettant en scène des relations contrariées et forcément tragiques est mise en musique par le groupe. L’artwork et les textes permettent de se plonger plus avant dans cette aventure. Et au fil des écoutes successives, l’évidence se fait : cet album est une réussite majeure. Certes, ce propos n’est nullement objectif, mais l’objectivité, je la prends…
Ahem… Trop d’enthousiasme tue l’enthousiasme.
Il serait faux de nier qu’il est difficile de ne pas avoir un a priori des plus positifs envers cette troupe de Stephan H. après écoute du précédent album, de Ghost of a child de Nehl toute seule ou des projets autres tels que Za Piratz ou 4humors (dites, il y aura-t-il d’autres morceaux ?). Mais une telle bienveillance peut être à double tranchant, et se transformer rapidement en amertume. Il n’en est rien en l’occurrence, bien au contraire. Cet album suscite un profond sentiment d’injustice : ce groupe et ses satellites mériterait amplement l’exposition que des mastodontes se fourvoyant dans des projets des plus hasardeux ou servant la même formule une énième fois peuvent avoir sans effort. Il est également de ces disques qui donnent envie de fermer les yeux, le sourire aux lèvres et des larmes de bonheur perlant au coin des yeux tant la musique proposée s’impose comme une évidence.
Il est certain que des défauts pourront être trouvés à The Tragedy of Nerak, et sans doute pas en raison d’une simple posture relativiste. L’essentiel reste cependant qu’il est difficile de prendre en défaut cet album sur ce qu’il est. La construction, les efforts, les réflexions ayant présidé à sa naissance semblent tellement dépassés qu’ils ne sont pas ressentis et l’absence d’aspérité à ce niveau ne fait que renforcer l’impact qu’il peut avoir.
Au final, les écoutes se suivent, bercées de la certitude que cet album fera date. Il ne saurait en être autrement. L’aventure ne peut que se poursuivre, il reste encore trois pièces à venir et à joindre à ce qui a été initialement présenté comme une pentalogie. C’est du moins ce que l’on espère, en ces pages. Et également ailleurs.
Site : http://www.akphaezya.com
Vidéo de “Nemesis” : http://youtu.be/xDKaSJd3rMs