le 15 Septembre 2008

AKPHAEZYA - Anthology Ii (2008)
Note : 4/5

Mes premières secondes font penser au dernier LA PHAZE, mes dernières secondes font penser à un vieux film d'épouvante de série Z tourné en Europe de l'est. Mon milieu en pleine « Reflections » va du jazz à distorsion au chant de pom pom girls, et mon tout n'est pas la compilation d'été d'un hardos psychopathe, mais le premier album d'AKPHAEZYA.

Si je ne t'ai pas mis l'eau à la bouche, c'est que tu dois déjà avoir du vin dedans, et que couper son vin avec de l'eau, c'est clair, ça se fait pas.

Par contre, couper un peu le Metal avec autre chose, ça peut le faire.

Les Français viennent tout triomphant emboîter le pas des deux derniers chambranleurs de genres qu'étaient DIABLO SWING ORCHESTRA et UNEXPECT. Et s'ils vont plus loin que les premiers dans le mélange sonore (car TOUT l'album est marqué par des variations de genres et univers différents), il n'ira pas plus loin qu'UNEXPECT dans le massérage déconcertant et la subversion abrasive... Ce qui n'ira pas sans déplaire à ceux qui auront trouvé que les mélanges qui se finissaient en forme d'entonnoir n'étaient pas forcément des plus esthétiques.

AKPHAEZYA a évité d'être le weirdo de service, il mélange les particules opposables avec une normalité qui déconcerte. L'incongruïté ne paraît jamais excessive, et le groupe pourrait rentrer en boîte à la fois avec de l'alcool, des putes et de la coke que personne pourrait griller.

Et lorsque le vortex s'ouvre, c'est une foire d'idées et de fuites en tous genres qui nous surmonte, et on apprend à nouveau que la clé du succès pour le metal moderne n'est plus sur une seule planète.
La grande majorité de l'album se présentera d'une rare accessibilité : jazz, musique classique, voire filmique, touches électros, arabisantes, accords reggae, ballade prog (« Stolen Tears », je l'aurais bien vu sur le dernier AYREON, moi), ambiance de saloon, tango (?), a capella, pop presque rose, accordéon machintruc... j'ai même croisé quelques schtroumpfs et des hobbits pendant le tournage, et j'en passe des vertes, des pas mûres et des oranges fluos.

On en revient très souvent à une disto métallique tranchée quoiqu'assez sucrée, évoquant tantôt le néo-metal, tantôt l'actuel « metal goth à chanteuse » (AKIN ou BEYON-D-LUSION par exemple, pour rester dans les groupes français), parfois même le heavy ou le hardcore (ETHS ? C'est français ça aussi non?), et virera parfois dans quelques poussées extrêmes. Ah et puis putain, quelle voix elle a cette chanteuse !

Il n'y a pas que ça hein.

Il y a aussi que AKPHAEZYA n'utilise pas dix mille instruments, et laisse ses guitares électriques et acoustiques, sa basse groovy, quelques claviers zarbes, et surtout un piano toujours présent faire la grande majorité du travail. On ne se laisse pas aller dans la débauche des effets de claviers et samples qui nous laisseraient sans doute avec une impression d'étrangeté à chaque morceau. Tout est fait en sobriété, du coup Anthology II est gagnant à tous les niveaux, il brasse les impressions autant que les genres, développe les atmosphères sans perdre en homogénéité.

On ne peut qu'être sidéré par un coup de force qui en envoie clairement dans le slip. De vrais petits génies qui profitent à chaque seconde de leur liberté.

La dernière fois qu'on a eu le droit à ce genre d'éclectisme déviant dans notre beau pays, c'était avec les savants fous de CARNIVAL IN COAL. AKPHAEZYA, dans l'idée, ne s'en trouve pas si loin, il a juste choisi de s'ouvrir l'esprit sans utiliser la hache ou la moissonneuse batteuse. Il ne démembre pas ses structures et ne dépucelle pas l'auditeur à chaque écoute. Ça ne lui empêche pas de nous asservir de sa folie créatrice.

Un poing de chair serré dans un gant de velours (velours noir hein, faut pas déconner), c'est l'image que ça me donne. AKPHAEZYA vient éclairer nos âmes noires et torturées et nos t-shirts noirs et déchirés par des idées pleines de fantaisies et de répartie. Un album poignant, accrocheur, mélodique et expressif, accessible (ouh que oui), éclectique (ah bon ???), atmosphérique, jazzy, poppy, gothy, catchy, progy, punchy, plein de trucs anglais avec un « y » à la fin, et en tout cas GENIALement subtil, SUPERbement salutaire pour le Metal français et alternatif, et euh...MEGASUPRAGIGAtoussa.

On se serait peut-être passé de « Beyond The Sky », ça fait un peu niaiseux au milieu de toute cette fougue. Mais ça ne fait guère de mal non plus.

Je lâche la note maximale au prochain album, j'en suis presque sûr.

Par VOLTHORD

Nightfall.fr

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