01-2009
AKPHAEZYA
Anthology II
Note 92/100
Comme son titre ne l’indique pas, Anthology II est le premier album faisant partie d’une fresque déclinée en cinq volets qui paraîtront… dans le désordre (le IV étant le prochain à venir). Amis cartésiens, passez votre chemin ! AKPHAEZYA est en effet un groupe joyeusement hors norme que l’excellent label Anglais Ascendance Records, spécialiste des « Female Fronted Metal Band », est venu dénicher dans notre beau pays après avoir signé la même année les tout aussi extravagants PIN-UP WENT DOWN. Si les sujets de Sa Majesté n’apprécient guère nos cuisses de grenouilles, on ne peut en revanche que les approuver de donner toutes leurs chances à nos groupes hexagonaux. Anthology est un conte hors du temps qui nous entraîne au sein d’un monde imaginaire nommé Akphaezya, peuplé d’êtres étranges habités néanmoins de questions et de pensées humaines, illustré par une musique à l’image des personnages tour à tour délirants, loufoques, tendres, complexes, belliqueux, préoccupants ou tout simplement insaisissables. Ici, le Metal semble être le tremplin à tout un éventail d’autres styles musicaux à l’image de Chrysalis où le piano offre une entrée en matière vers un facétieux fourre-tout inconcevable qui entremêle un Metal presque théâtral parfois tendrement mélodique à des passages Jazzy ou encore à quelques petites secondes secouées de blast beat hallucinés dignes d’un Death Metal qui chercherait à s’inviter sans y parvenir. Dans un registre tout aussi allumé, The Golden Vortex Of Kaltaz explore diverses facettes mélodiques, Symphoniques et Progressives du Metal tout en osant quelques courts passages Thrashisants. Khamsin (un des personnages du concept) et Reflections s’orientent vers un habile mélange Jazz-Metal-expérimental, alors que The Bottle Of Lie alterne Bossa Nova aux douces mélodies de bandonéon, passages Metal décalés enrichis d’un chant rappelant NINA HAGEN, pour finir sur quelques notes Reggae. Au cœur de ce surprenant méli mélo viennent s’ajouter quelques touches Orientales sur The Secret Of Time, ainsi que de fréquents passages atmosphériques empreints de douceur parsemés avec pertinence, poussant jusqu’à l’émotion à fleur de peau avec la ballade Stolen Tears. Cette confrontation de genres musicaux a de quoi paraître improbable, pourtant ces musiciens très talentueux (cela va sans dire) se permettent de jouer au yoyo musical avec souplesse en faisant cohabiter tous ces éléments au sein d’un seul et même titre sans créer de cassures indigestes malgré le risque évident. L’ensemble est porté par la charmante Nehl Aëlin, claviériste et chanteuse exceptionnelle qui sait se faire câline quand le profond trémolo de sa voix nous plonge dans une ambiance de club de Jazz enfumé, ou quand cette voix se fait cristalline évoquant quelque part Kristin Fjellseth de PALE FOREST. Abordant tout aussi facilement le chant soprano, hystérique sinon habitée, ou tout simplement « nature », la belle peut aussi sortir les crocs et envoyer des « grunts » à faire pâlir Angela Gossow (ARCH ENEMY), ce qui a de quoi faire réfléchir avant de lui demander de partir à pied remplir un bidon d’essence quand la 2 CV est en panne... Avant-gardiste sans doute, éclectique sûrement, l’univers de Akphaezya est en tout cas très dépaysant, mettant nos sens en éveil maximum afin de ne rien rater de ce voyage hors du commun, premier album prometteur espérons le, de quatre futures pièces tout aussi ambitieuses et sans limite.
Highlights : Chrysalis, Khamsin, Reflections, The Golden Vortex Of Kaltaz, The Secret Of Time, The Bottle Of Lie…
[par Kakou]
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